Affaire Panini : le Tribunal judiciaire de Paris rendra son délibéré le 15 mai

Affaire Panini : le Tribunal judiciaire de Paris rendra son délibéré le 15 mai

L’avocat de l’UNFP, Me Rémi Kleiman, n’a pas tourné autour du pot au moment d’entamer sa plaidoirie, mercredi après-midi, au palais de justice de Paris : « C’est la confrontation de deux mondes : l’individuel et le collectif ». D’abord, le syndicat des joueurs de football, son client, qui utilise les revenus tirés des albums Panini (environ 2,5 millions d’euros par an aujourd’hui) pour « financer des oeuvres collectives » (stages d’été pour chômeurs, aides à la reconversion, assistance juridique, etc.) qui profitent à tous, dans une logique égalitaire, indépendamment de la notoriété du joueur, qu’il évolue au PSG ou à Caen.

Et, face à lui, quatre joueurs et anciens footballeurs, Jérémy Pied, champion de France avec Lille en 2021, Jérémy Doku, attaquant de Manchester City, Bruno Ecuele Manga, défenseur de Niort et Vincent Bessat (ex-Nantes, Caen), qui dénoncent une commercialisation de leur image sans leur consentement, et qui ne seraient guidés, toujours selon l’avocat de l’UNFP, que par un « appétit individuel financier ».

Aucun préjudice, ni moral ni économique, ne serait constitué, ont dit en choeur les avocats de l’UNFP et celui de Panini, Me Chemla : Doku et Bessat ont par le passé « liké » sur les réseaux sociaux des publications Panini, ce qui serait bien la preuve qu’elles participent à la popularité du joueur, et donc à sa valeur marchande. Tout le monde serait ainsi gagnant.

Le discours est évidemment audible, mais légèrement terni par les relations d’affaires personnelles unissant le patron du syndicat depuis 1969, Philippe Piat, à celui de Panini, André Guerrini, comme L’Équipe l’a révélé dans une enquête parue l’été dernier. C’est en effet en 1997, date à laquelle Guerrini rachète des entreprises de Piat via une société d’investissement commune, que le patron de l’UNFP fait insérer dans la charte des footballeurs professionnels une clause spéciale Panini.

Un dossier qui crispe l’UNFP

Le délibéré sera rendu le 15 mai par la 17e chambre civile du Tribunal judiciaire de Paris. Les enjeux financiers sont importants pour l’UNFP, tandis que la LFP et sa nouvelle société commerciale pèsent de tout leur poids pour récupérer une partie de la manne financière qui incombe à l’UNFP, que ce soit sur les droits télé ou au nom de l’exploitation des droits à l’image collectifs des joueurs. C’est par exemple la LFP, et non l’UNFP, qui s’est positionnée sur le jeu à succès Mon Petit Gazon, dont la définition répond pourtant exactement à la définition de l’article 280.

Signe de la nervosité autour de ce dossier, en 2021, alors qu’Elie Dottelonde, jeune avocat, s’était emparé de la question et avait publié un long post sur Linkedin – intitulé « À la recherche du droit à l’image perdu des footballeurs professionnels » -, la réaction de l’UNFP avait été immédiate. Et particulièrement forte, face à ce qui n’était alors qu’une publication passée inaperçue et émanant d’un juriste inconnu sur les réseaux sociaux : mise en demeure, injonction de retirer le contenu, saisine du bâtonnier, accusations de démarchage de clients sur internet et menaces de poursuites.